EXPOSITION NICOLAE GROZA

EXPOSITION NICOLAE GROZA
"Les fables intérieures"
du 7 mai au 13 juin 2015 



Nicolae Groza est né en Roumanie en 1943.
Diplômé de l’Institut d’Arts Plastiques « Nicolae Grigorescu », section peinture monumentale en 1966.
Son itinéraire de peintre, auquel il fut initié par des maîtres comme Paul Miracovici et Gheorghe Popescu, commence en 1967. Il expose dans de nombreuses expositions de groupe, en Roumanie ainsi qu’en France, Allemagne, Belgique, Italie, Autriche, Suède, Portugal, Grèce, Bulgarie, Yougoslavie, URSS, Canada, Etats-Unis, Japon, etc.
Enseigne la peinture monumentale à l’Institut d’Arts Plastiques « N. Grigorescu », de 1966 à 1983.
Quitte définitivement la Roumanie en 1984 et s’établit en Belgique.
Ses œuvres se trouvent dans des collections publiques et privées en Roumanie, Belgique, Allemagne, Autriche, Suède, etc.
Vit et travaille en Belgique.
Le répertoire de Nicolae Groza est très vaste. Il pratique avec la même aisance et maîtrise la peinture à l’huile, la fresque, la gravure, la céramique, la peinture sur verre. Dans cette variété de techniques et de genres, il sait organiser l’ensemble et répartir les formes et les couleurs dans un équilibre harmonieux, selon les lois de la peinture monumentale.
Sa peinture est nourrie de spontanéité et explore un répertoire de fantasmes personnels inspiré de mythes universels.
Arrivé en Belgique, il prend un nouveau départ. Il fallut plusieurs années de travail, sous la pression trop forte de sentiments mêlés, confus et complexes, la traversée d’une crise existentielle, amalgame de questionnements et méditations, de doutes, déceptions et illuminations.
Pour retrouver sa voie dans cette nouvelle alvéole culturelle, il plonge dans l’anonymat, dans isolement, dépossédé de tout étalon de mesure, de toute norme. Maintenant il est libre de regarder dans toutes les directions, et cela peut être déconcertant. En fait, cette multiplicité d’inspirations témoigne d’une ouverture à toutes les suggestions. Il peut aller vers l’avenir, mais il peut aussi bien repartir sur les pistes inexplorées du passé, retrouver ses racines, mais en même temps accepter la mutation comme un impératif d’adaptation à un autre horizon. Il doit s’intégrer dans une nouvelle existence, avec d’autres traditions et modèles culturelles. Tout transfert provoque une réévaluation de toutes habitudes conceptuelles et expressives. Ce qui peut être traumatisant, parfois dramatique.
Nicolae Groza réalise une chronique profondément subjective du monde concret qui nous entoure, motivée par ses propres expériences et métamorphoses. Un monde bon et mauvais, vivant et contradictoire, chaque individu portant l’inévitable masque du personnage interprété sur la scène de la vie.
Nov.2014

Des fables intérieures

Nicolae Groza est un ambulant, un marcheur, un peintre parmi les hommes et leurs facéties tragiques, Nicolae Groza est un conteur, Nicolae Groza a le talent d’un montreur de marionnettes populaires qui saisirait dans les personnages qu’il distribue dans ses toiles et ses peintures sur verre un génie commun à notre imaginaire européen.

Les fous, les Quichotte, les drôles, les méchants, les illuminés et les idiots sont sa matière narrative de prédilection. La peinture alors entre en scène, distord, déforme, détourne et ravive chaque sujet inspiré du patrimoine des enluminures et des icônes. Les fines couches de peinture, les aplats de feuille d’or, les glissements d’une tonalité à l’autre sont, dans ses œuvres sur verre, de véritables tablettes de merveilles.

Cette technique ancienne qu’il ravive et transgresse souvent déclenche dans le regard de ses contemporains des saisissements étranges : les époques se télescopent : le passé s’illumine comme dans un écran de pixels. La transparence et la lumière des œuvres déplacent le regard du temps des origines (roumaines) vers un universel qui ne doit rien au numérique et le rappelle par à-coups.

Les légendes, la parole errante des Gueux et des Seigneurs de Guerre sont aussi au cœur de son travail tout illuminé d’une gravité intemporelle. La grâce des traits n’a rien de naïf, au contraire, elle contraint l’humain à se réincarner dans ses plus vifs désastres, à les rejouer éternellement dans la ronde des protagonistes. Les coloris sont vifs et rendent compte avec une joie toujours au bord du péril, des ritournelles, des farces et de la présence des animaux et de la nature…

Peindre, chez Nicolae Groza, c’est saisir dans l’invention plastique le temps tel qu’il ne fut pas mais comme on se le raconte dans les fables intérieures. Peindre, c’est approcher cet instant où le geste rejoint une histoire intime faite des mouvements de la tribu que nous nous inventons. Peindre, pour Nicolae Groza, c’est offrir un éblouissement aux regards entrouverts de ses contemporains.

Dans les toiles de Nicolae Groza, la matière est forte, la peinture rude, les visages tendus vers un monde que nous emportons chacune et chacun dans les sombres inquiétudes de la nuit avant la lumière de la nature qui se répand au cœur d’un monde où l’homme est le centre instable.

Daniel Simon